DECEMBRE I593.                            549
cité de tenir bon : à quoi ne lui eust manqué possible ni les moiens ni Ia force. Et de fait il bransla; mais enfin il choisit la plus douce voie, et la meilleure et plus seure pour soi, et pour le repos et conservation de la ville.
Ce jour mesme, qui estoit le mecredi 29 de decem­bre, M. de Belin alla voir en son logis M. le president Le Maistre, où il fust deux grosses heures. Incontinent le bruit fust espandu par la ville que c'estoit un billet qu'il lui avoit porté ; et toutefois c'estoit tout le con-traire : car Restoit pour le prier de ne s'en point en aller, pour ce que ce bon homme s'estoit resolu de prendre son congé avant qu'on le lui donnast. II parla fort vertueusement au sieur de Belin, qui dés lors eust eu bien envie de faire quelque chose de bon, et l'eust peu, s'il eust eu autant de cœur-et de resolution en l'ame comme il avoit de timidité. Ce qui ftist cause dfe rom­pre les desseins du colonnel d'Aubrai*, auquel.s'il eust voulu prester main forte, et aux bons François de son parti, comme il pouvoit et lui estoit aisé, il eust dés long-temps affranchi Paris, et remis les gens de bien en leurs maisons et en liberté..
Le jeudi 3o decembre, le colonnel d'Aubrai s'en alla. U avoit une charette- chargée de ses armes, où son enseigne estoit ; et y eust presse à lui dire à Dieu : car Restoient processions à son. logis. Le prevost des marchans mesmes \m fust dire à Dieu. De quoi les Seize enrageoient, et disoient tout haut que leur pre­vost ne valoit rien : qu'il avoit presté de l'argent à d'Aubrai, et paié des arrerages de ses rentes de la -ville. Quelques femmes amassées, pleurantes à la porte du logis dudit d'Aubrai, lors qu'elles le virent sortir
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